8000 km plus tard: Locke, Chinese Town?

Un peu de culture en ce beau dimanche ensolleillé. Hier je suis allée visiter Locke, petit village de 80 habitants. Pourquoi? me direz-vous, parce que Gerardo, le mari d'Olga (le couple chez qui je loue une chambre et propriétaire des deux charmants teckels), rédige son PhD de géographie sur ce petit village. En fait, il a pratiquement fini sa thèse. Il est à la phase de rédaction : 300 pages (c'est-à-dire, un peu plus de 3 mémoires de troisième année... ce qui inspire le respect, enfin je trouve). Il m'a expliqué son plan. Mais bon, je vais vous le faire version résumé, et aussi, avec des images, parce que sinon, c'est moins drôle:

Il s'agit d'un petit village, bâti au début du siècle, au bord de Sacramento River, par des chinois, qui travaillaient comme fermiers. Le problème (parce qu'il y a un problème, sinon, il n'y a pas de thèse) les Chinois n'avaient pas le droit de devenir propriétaires. Donc ils ont construit leur maison, avec l'autorisation du propriétaire, mais sur du terrain qui ne leur appartenait pas.

Ca ne posait pas vraiment de problème jusqu'aux années 1970, où le village devenait de plus en plus insalubre. Les maisons en bois, n'étaient pas protégées contre les incendies (et ici, ça flambe assez vite), les murs s'affaissaient... Bref, c'était plutôt dangereux. Les habitants des maisons, étaient soit des de vieux chinois, qui travaillaient dans les champs et sont restés à Locke, ou des Mexicains, embauchés eux aussi dans les champs. Quoi qu'il en soit, les Chinois ne sont plus très nombreux à Locke et les habitants sont tous pauvres. Aucun n'avait donc les moyens de restaurer le village, ni l'envie parce qu'ils n'étaient pas propriétaires.

Donc, le Comté de Sacramento (leur conseil régional local) a décidé de demander de l'argent au gouvernement fédéral, à Washington, pour rendre salubre le village. Comme on pouvait s'y attendre, Washington a refusé, arguant qu'il ne pouvait pas subventionner la restauration de bâtiments privés. (et là, si je ne vous ai pas perdu, etsi vous n'avez pas décidé de ne regarder que les images, vous vous demandez, mais à qui appartiennent les maisons alors?) Et bien, la plupart d'entre elles ont été rachetées par un investisseur venu de Hong-Kong, qui avait l'intention de virer tout le monde, raser nos petites bicoques chinoises, construire de chouettes maisons pour les touristes et se faire un max de blé.
Mais bon, le Comté de Sacramento a décidé (là j'ai pas compris) de préserver ces maisons, en justifiant que c'était un lieu HISTORIQUE, un village entièrement construit par les Chinois, pour les Chinois. Les quelques chinois qui restent (aujourd'hui, ils sont une dizaine) se battent pour qu'on considère le village comme un héritage de leur présence et de leur travail en Californie. Ils ont contribué aux progrès de l'agriculture, à la construction de voies ferrées et au travail dans les mines de Californie.

Connie est une des dernières Chinoises de Locke. Elle a failli perdre sa maison. Sur la photo, elle est devant son jardin, constitué comme vous pouvez le voir de toilettes. J'ai pas vraiment compris (c'est quand même dur l'Américain). Je crois que ce sont des gens de Locke, qui voulaient jeté ces toilettes car elles avaient été utilisées par les Chinois. Connie les a récupéré et a décidé d'en faire un jardin...

Ceci est un ancien bordel (brothel in English).

le bar de Locke, dans lequel se réunissent les Bikers de passage. Ils viennent ici parce c'est loin de tout et que la police ne vient pas jusque là. Pour info, WOPS est une insulte contre les Italiens, qui veut dire "sans papier" (WithOut Papers)

Les Bikers en question. J'aurais voulu les prendre de plus près, mais bon, je me suis fait captée, et ils sont plutôt... imposants.